Don Pettit
Peu de gens peuvent voir l’électricité qu’ils consomment être produite sous leurs yeux. Elle nous vient habituellement d’une lointaine source inconnue. Il suffit de brancher un appareil pour que l’électricité afflue. Le reste tient du mystère.
Nous sommes gâtés dans la région de South Peace, en Colombie-Britannique. Nous avons de l’énergie éolienne, beaucoup d’énergie éolienne. Nous n’avons qu’à sortir dans notre cour arrière pour voir tourner les pales des éoliennes, et plus elles tournent vite, plus elles produisent d’énergie verte pour notre région. Mais comment être sûrs que cette énergie ne se « perd » pas dans le réseau? Comment savoir si cette énergie ultraverte nous revient véritablement?
(Note : Les explications suivantes au sujet de la façon dont l’électricité voyage dans le réseau ont été validées par BC Hydro, un sympathique professeur de physique et un électricien. Exactitude garantie.)
LE VOYAGE DES ÉLECTRONS
L’électricité est faite de petites poches d’énergie appelées « électrons ». Il n’est pas faux (quoique très simpliste) de comparer leur façon de voyager à celle de l’eau coulant dans un tuyau. Même si votre tuyau est relié à vingt robinets, l’eau ne coulera que vers et dans les robinets ouverts, en alimentant d’abord le plus près. L’électricité se comporte de façon comparable.
Dans le cas de notre parc éolien local, le Bear Mountain Wind Park, l’électricité générée voyage le long d’une ligne électrique de la montagne jusqu’au poste de Hart Highway. Elle peut alors bifurquer à l’ouest, vers Chetwynd (ce qui est peu probable, étant donné que cette zone est maintenant alimentée par les projets éoliens Dokie et Quality Wind), ou à l’est, vers Dawson Creek. Comme la plus importante demande en électricité (robinet ouvert) de la région provient de Dawson, c’est là que se rend l’électricité de Bear Mountain, en alimentant au passage tout ce qu’elle croise : fermes, ranchs, etc.
Le courant électrique inutilisé à Dawson Creek et aux alentours continue sa course dans le réseau, comme la sève dans les nervures d’une feuille d’arbre. Chaque charge, peu importe sa taille, est comme un robinet ouvert où s’engouffre l’électricité de Bear Mountain. Plus le vent est fort, plus la feuille sera grande, l’énergie éolienne se propageant partout dans la région.
Grâce aux lois de la physique, l’électricité va directement là où on en a besoin, quand on en a besoin. Sans la moindre difficulté, elle transforme la nuit en jour, nous met en communication avec n’importe quel point du globe, grille nos rôties, recharge nos iPhones et nos iPads, et alimente nos voitures électriques (ça viendra bien). C’est magique!
INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE DANS NOTRE RÉGION!
Il faut environ 15 mégawatts (15 millions de watts) pour alimenter tout Dawson Creek (population d’environ 13 000 personnes) en période de pointe : habitations, lampadaires, usines de traitement de l’eau, tours de télécommunications, bâtiments municipaux, commerces, arénas… tout. Les 34 éoliennes de Bear Mountain n’ont besoin que d’une bonne brise pour produire cette quantité d’électricité; par vent fort, elles en produisent cinq fois plus. Faites une moyenne annuelle en tenant compte du temps d’arrêt pour entretien et des jours sans véritable vent, et le parc éolien Bear Mountain pourrait facilement alimenter trois Dawson Creek à longueur d’année.
Règle générale, deux parcs éoliens situés à plus de 100 km l’un de l’autre appartiendront à des régimes éoliens différents : s’il ne vente pas dans un, il ventera dans l’autre. Jumelez le parc éolien Bear Mountain au parc Quality Wind, qui se trouve près de Tumbler Ridge, et vous avez une région inondée d’énergie éolienne à peu près 24 heures sur 24, 365 jours par année. Nous pouvons maintenant dire de l’ensemble de la région South Peace qu’elle est essentiellement indépendante du reste de la planète sur le plan énergétique, étant entièrement alimentée par la forme d’électricité la plus verte qui soit, générée ici même, chez nous.
Lorsque vous voyez les pales tourner même très lentement (et vous est-il seulement arrivé de les surprendre IMMOBILES?), vous pouvez donc être assurés, heureux résidents de Dawson Creek et de South Peace, que votre ville et votre région sont les premières en Colombie-Britannique à fonctionner à l’énergie éolienne. Nous avons tous de quoi être fiers!
NOUVELLE ÉCLAIR : Sous l’impulsion du gouvernement, l’énergie éolienne a gagné en popularité en Ontario, une province pourtant pauvre en vent par rapport à la région de Peace River. La Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité de l’Ontario considère maintenant le vent comme une source principale d’énergie pour la province.
Don Pettit est un membre du conseil d’administration de Peace Energy Cooperative.
Sous-titre de la photographie : Dawson Creek au coucher du soleil
L’électricité générée par les 34 éoliennes du parc Bear Mountain (visibles au loin) est consommée ici même, dans la région, alimentant tout Dawson Creek lorsque la brise est légère, et la majeure partie de South Peace par grands vents. (Photo de Don Pettit)