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Mine Raglan : Le premier projet industriel d’énergie éolienne avec stockage au Canada

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La décision d’installer une éolienne de 3 mégawatts à Mine Raglan de Glencore est le fruit de près de cinq années d’études, d’évaluations et d’analyses attentives, explique Jean-François Verret, directeur de la stratégie, des projets et des affaires publiques. Vu la situation géographique du site minier – situé dans la péninsule d’Ungava, à Nunavik, soit à quelque 1 800 kilomètres au nord de Montréal – et les conditions arctiques qui y règnent, la collecte de données approfondies n’était pas à négliger en amont du projet.

Cet été, Mine Raglan a commencé l’installation de sa première éolienne, fabriquée par ENERCON, en Allemagne. Si tout va comme prévu, M. Verret s’attend à ce que cette seule éolienne remplace environ 5 % de la consommation de diesel de la mine, ce qui représente 2,4 millions de litres.

Pareil projet promet également de grosses économies d’argent. À Mine Raglan, l’énergie représente généralement de 18 à 23 % des coûts d’exploitation. Si le projet pilote fait ses preuves, Mine Raglan envisage d’installer d’autres éoliennes pour un total de 9 à 12 mégawatts d’énergie, ce qui diminuerait de 40 % la consommation globale de diesel de la mine.

Le processus décisionnel

En 2009, Mine Raglan a lancé une étude portant sur les énergies de remplacement au diesel, sa seule source d’énergie. L’éloignement de la mine de nickel et de cuivre rend impossible le raccord à un réseau d’hydroélectricité ou de gaz naturel.

Très vite, mentionne M. Verret, l’étude a démontré que l’éolien était une option prometteuse. Mine Raglan a donc placé des systèmes de mesure des vents sur le site et commencé à recueillir des données.

Ce n’est qu’après avoir mené des simulations et rassemblé des données concrètes que l’équipe minière a demandé l’approbation de la société. M. Verret insiste sur l’importance des chiffres réels dans le cadre de la demande d’approbation initiale, qui a été faite en 2010-2011. « Cette demande visait à informer la société que Mine Raglan était dotée d’un énorme potentiel éolien, et qu’une étude des technologies [éoliennes] serait utile », explique-t-il.

Ensuite, Mine Raglan a réalisé une étude de référence en Alaska, en Suisse et en Scandinavie afin d’observer le rendement des éoliennes dans un climat difficile. Il s’en est suivi une étude de délimitation de l’étendue portant sur le cadre d’investissement avec des fabricants triés sur le volet et capables de composer avec des paramètres nordiques ou arctiques.

En novembre 2012, l’entreprise a créé un cadre financier, qui combinait des stimulants gouvernementaux à la réduction des gaz à effet de serre et des subventions aux entreprises utilisant des énergies renouvelables. Une fois le cadre financier en place, l’équipe minière s’est tournée une fois de plus vers la société.

Les technologies en conditions arctiques

Choisir ENERCON allait de soi, car les fabricants d’éoliennes en milieu arctique se font très rares, indique M. Verret.

Là où Mine Raglan fait office de pionnier, c’est dans sa décision d’intégrer à l’éolienne trois technologies de stockage : un système par volants, des batteries et un réservoir à haute pression doté d’un électrolyseur et de piles à combustible.

M. Verret explique que les éoliennes seules peuvent avoir une pénétration des vents de 15 à 20 %. « Le niveau de pénétration des éoliennes est très bas, souligne-t-il. Quand il y a du vent, ça va, mais sinon, difficile de tirer pleinement parti des éoliennes. »

Grâce aux technologies de stockage novatrices, en revanche, le niveau de pénétration peut atteindre de 35 à 55 %. La première éolienne vise donc à tester ces trois technologies en conditions arctiques en vue de déployer de façon éclairée un parc éolien de plus grande envergure sur le site minier. L’éolienne de 3 mégawatts a été stratégiquement isolée du réseau, et l’objectif consiste à en arriver à une pénétration élevée sur ce microréseau en cinq ans, soit durant la mise à l’essai des technologies de stockage.

Pour illustrer le potentiel des technologies de stockage, M. Verret indique que Mine Raglan utilisera un système par volants pour « atténuer les fluctuations énergétiques », attribuables à l’instabilité des niveaux d’énergie éolienne sur un site donné. Le système par volants augmente l’énergie éolienne disponible sur le réseau électrique interne.

Les obstacles à surmonter

Au nord du Québec, où se trouve Mine Raglan, l’été ne dure généralement qu’un seul mois – en juillet –, et cette année, la neige a forcé l’arrêt des travaux de construction, explique M. Verret. De plus, comme la mine n’est pas accessible par voie terrestre, toutes les pièces, fabriquées en Allemagne et au Québec, ont dû être transportées par bateau. « L’échéancier est très serré, alors il faut voir à la gestion interne du projet – c’est d’ailleurs l’un des volets les plus importants », ajoute-t-il.

Une fois la première éolienne de Mine Raglan fonctionnelle, l’entreprise se lancera dans la deuxième phase du projet : les trois technologies de stockage. Cette deuxième phase devrait s’échelonner de septembre 2014 à mars 2015.

L’obtention de permis est une étape cruciale du projet. Un autre défi réside dans le cadre financier. « C’est toujours délicat pour l’industrie minière d’investir dans des énergies renouvelables parce que la plupart du temps, elles sont un peu plus onéreuses », souligne M. Verret.

Les difficultés financières sont exacerbées par l’extrême volatilité qui caractérise généralement l’industrie minière. Toutefois, les subventions provinciales et fédérales associées aux énergies renouvelables atténuent le risque financier, explique-t-il. TUGLIQ, le partenaire de Mine Raglan, a été d’une grande aide pour trouver les programmes gouvernementaux auxquels l’entreprise était admissible et pour obtenir les subventions.

Un début modeste, suivi de mises à l’essai

Mine Raglan a pris le virage des énergies renouvelables dans le cadre d’un projet pilote visant une seule éolienne, projet qu’elle compte ensuite élargir. M. Verret recommande cette approche progressive à quiconque envisage des initiatives semblables. « Concevoir, puis évaluer, précise-t-il. Un projet pilote vous permet de comprendre et de former vos gens. Et une fois que vous connaissez votre profil de risque, vous pouvez y aller à plus grande échelle. »

La méthode de stockage qui consiste à utiliser l’hydrogène produit par les éoliennes à d’autres fins ouvre la voie à un plus vaste éventail d’options vertes à Mine Raglan, indique M. Verret.

Il explique que l’énergie éolienne prend une molécule d’eau et la transforme en hydrogène et en oxygène. En emmagasinant l’hydrogène, la mine peut ensuite l’utiliser comme source d’énergie pour les véhicules. « Nous aimerions tester l’hydrogène produit par les éoliennes sur nos propres véhicules en vue de remplacer le diesel », souligne-t-il.

Au Renewables and Mining Summit d’octobre, M. Verret espère trouver de nouvelles façons d’utiliser l’énergie produite par son éolienne. « J’ai hâte de discuter des autres façons d’utiliser cette technologie en contexte minier », conclut-il.

Jean-François Verret parlera du projet de Mine Raglan au Renewables and Mining Summit and Exhibition, à Toronto, les 15 et 16 octobre prochains. Pour en savoir plus, visitez le www.energyandmines.com/toronto. Les abonnés de CIM Magazine peuvent utiliser le code CIM20 pour obtenir un rabais de 20 % à l’inscription.

Encadré : Quelques chiffres sur le projet éolien de Mine Raglan

  • Source d’énergie antérieure : 100 % diesel
  • Énergie éolienne à produire par la première éolienne : 3 mégawatts
  • Pénétration des vents de l’éolienne sans technologie de stockage : 15 à 20 %
  • Pénétration potentielle avec des technologies de stockage : 35 à 55 %
  • Quantité de diesel remplacée par la première éolienne : 2,4 millions de litres (5 % de la consommation totale de diesel à la mine)
  • Objectif ultime : Autres turbines de 9 à 12 mégawatts

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